mardi 6 février 2018

Déplacement dans le Gévaudan, cela vallait bien un article sur la Bête !

La Bête, surplombant la vallée de Saugues
La semaine dernière, un nouveau dossier de recherches d'héritiers m'a amené dans le sud de la Haute Loire, à proximité de Saugues. Saugues, petit bourg proche de la frontière avec la Lozère fut l'une des paroisses les plus touchées par les ravages de la célèbre Bête du Gévaudan. Dans ce pays accidenté, sauvage, difficile d'accès, et encore plus enclavé l'hiver, j'ai essayé en traversant ces paysages enneigés, d'imaginer ce que les paysans de l'époque avaient pu ressentir en sachant qu'un ou plusieurs loups anthropophages rodaient dans la région.

Dans une des provinces les plus perdues dans le Royaume de France, l'affaire de la Bête du Gévaudan qui dura 3 ans de juin 1764 à juin 1767 passionne aujourd'hui encore de nombreux historiens, amateurs d'affaires criminelles non résolues, adeptes de théories fumeuses et scabreuses et éloignées parfois de toute raison historique et scientifique.

Entre la première attaque contre une vachère en Ardèche au coup de fusil de Jean Chastel trois ans plus tard en Haute Loire, plus d'une centaines de personnes furent tuées et au moins autant attaquées et ayant pu témoigner. Il a défilé du monde en Gévaudan pour tuer la dite Bête. Du capitaine des Dragons de Langogne Duhamel,  en passant par le seigneur d'Enneval et ses fils et enfin, Antoine, le Porte-Arquebuse de sa majesté Louis XV qui l'aurait tuée à la fin septembre 1765.

Une des bornes du chemin de la Bête à Saugues
Or alors qu'Antoine a fait ses valises avec en prime la gratification promise à celui qui tuerai "la Bête qui mange le Monde", de nouvelles attaques reprennent  dans les paroisses du Gévaudan seulement quelques semaines après. Pas de doute possible selon moi, et je reprendrais à mon compte la théorie de Jean Marc Moriceau détaillée et étayée dans son ouvrage, "Histoire du Méchant Loup", à savoir que la Bête du Gévaudan ne fut en réalité que plusieurs loups de taille hors du commun pour la faune de l'époque, et ayant acquis un goût certain pour la chair humaine. 

Les nombreux témoignages des rescapés ou des ceux qui les ont vus et chassés sont nombreux et concomitants. La Bête était un ou plusieurs loups, certes de dimensions et de couleurs étranges, mais ce n'étaient que des loups. Plusieurs témoignages attesteront même souvent que la Bête n'était pas un loup isolé, mais accompagné d'un loup plus petit, surement sa femelle qui restait à l'écart pendant les attaques.

Les théories sur les animaux exotiques ramenés par des nobles dans le Gévaudan, pour manger les gueux, et se venger du Roi, les histoires de tueurs en séries, ne sont pas crédibles face à la manne des témoignages de rescapés. L'animal considéré comme la deuxième bête du Gévaudan et dont la mort sonne la fin des attaques est reconnue et identifiée par 26 témoins différents l'ayant tous vus et ayant senti ses crocs se refermer sur eux parfois. Et la surface globale des territoires des attaques rend impossible une organisation humaine, un dressage orienté et ciblé.

Oui, malgré les films à gros budget, les documentaires à base de sensationnel et de surnaturel, rien ne vaut les sources historiques et les témoignages retranscrits. La Bête n'était que plusieurs Loups, au comportement déviant certes, mais des Loups...

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