jeudi 27 novembre 2014

Histoire d'une Nécropole Nationale, Notre-Dame de Lorette, dans le Pas-de-Calais.

La Chapelle-Basilique de Notre-Dame de Lorette
en Février 2012.
   Beaucoup l'ont découverte le 11 novembre dernier, quand le Président de la République est venu commémorer les 96 ans de l'Armistice de 1918. La Nécropole Nationale de Notre-Dame de Lorette est située sur la commune de Ablain-Saint-Nazaire dans le Pas-de-Calais. Elle a désormais pour compagnon, l'Anneau de la Mémoire inauguré ce même 11 novembre.

   Par son importance stratégique, la crête de Notre-Dame de Lorette fut l'objet de terribles combats entre Français et Allemands principalement en 1915, et vont faire de cette colline un véritable enfer pour les troupes chargées de s'en emparer. Ce lieu de souffrance fut immédiatement retenu à la fin de la guerre pour accueillir une immense nécropole, regroupant les corps de soldats français tombés dans les batailles d'Artois et des Flandres. La crête n'a pas cependant pas encore rendu les corps de tous les hommes tombés pour elle, car aujourd’hui, nombreux sont les soldats enfouis sans sépulture sur les flancs de la colline. Pour preuve, pendant les travaux de construction de l'Anneau de la Mémoire, deux soldats français ont pu être retrouvés et identifiés. Étendue sur 26 hectares elle est la plus grande nécropole militaire française. Elle accueille plus de vingt mille tombes individuelles et contient également les corps de plus de vingt mille soldats inconnus répartis dans sept ossuaires. Elle contient également des tombes de soldats russes, un belge et un  roumain, ainsi qu'un carré musulman de presque six-cents tombes.

La Tour-Lanterne en février 2012.
   Deux monuments veillent sur les tombes, la Chapelle-Basilique et la tour-lanterne inaugurées en 1925. Sur cette dernière qui surmonte un ossuaire de six-mille corps non identifiés, quatre inscriptions sont gravées sur chacun de ses cotés :

"A nos glorieux morts des champs de batailles de l'Artois et des Flandres"

"Vous qui passez en pèlerins près de leur tombes gravissant leur calvaire et ses sanglants chemins, écoutez la clameur qui sort des hécatombes : "Peuples, soyez unis ; hommes, soyez humains !" "

"Ossements qu'animait un fier souffle naguère, membres épars, débris sans nom, humain chaos, pêle-mêle sacré d'un vaste reliquaire, Dieu vous reconnaitra, poussière de héros !"

"C'est la lampe attentive à garder leur mémoire contre la nuit qui tombe, oublieuse, dessus ; le phare qui s'allume aux rayons de leur gloire et met au ciel de France une étoile de plus !"


dimanche 9 novembre 2014

The Meuse-Argonne American Cemetery, à Romagne-sous-Montfaucon

   Beaucoup de français connaissent le cimetière américain de Colleville-sur-Mer, rendu célèbre lors de la sortie en 1998 du film de Steven Spielberg, "Il faut sauver le soldat Ryan". Il est également visible lors des commémorations du débarquement en Normandie, chaque année début juin. Mais verra-t-on un jour Barack Obama ou l'un de ses successeurs venir se recueillir sur les tombes des soldats américains tombés en 1918 et reposant à Romagne-sous-Montfaucon dans la Meuse? J'ose l'espérer, car pour avoir parcouru les deux, il gagnerait à être montré au monde entier puisque, de part sa taille, c'est le plus grand cimetière militaire américain d'Europe, avec ses cinquante-deux hectares, et ses 14 246 tombes individuelles. 

L'entrée du cimetière. (Février 2012)

   Le 21 mars 1918, l'Allemagne lance la première des grandes offensives destinées à obtenir la victoire sur le front Ouest, après avoir signé la Paix de Brest-Litovsk avec les Bolcheviks sur le front Est. Les premières cibles sont les troupes du British Expeditionnary Force (BEF), retranchées sur une partie du front moins bien organisée défensivement. C'est là, sur la Somme, que Luddendorf assène son premier coup de boutoir. Les Britanniques reculant, les Alliés voient le danger et nomment le général français Foch généralissime de leurs armées le 3 avril 1918. Cependant les Allemands ne cessent pas leurs offensives, et continuent d'attaquer au nord, dans la région d'Ypres, puis en Champagne, sur le Chemin des Dames où ils surprennent des divisions anglaises et françaises mises au repos dans ce secteur supposé calme. Pour contrer cette attaque, les Alliés engagent progressivement leurs renforts pour colmater la brèche. 


Des croix à perte de vue... (Février 2012)

Parmi ces renforts figurent les premières divisions américaines, et début juin 1918, elles lancent la célèbre contre attaque du Bois Belleau, haut-lieu s'il en est de l'histoire du Marine Corps. A partir de juillet 1918, les offensives allemandes s'essoufflent devant l'ampleur des pertes. Devant un adversaire épuisé, les troupes alliées renforcées par l'arrivée massives des chars et des sammies prennent à leur tour l'offensive. Le 12 septembre, sous les ordres du général Pershing, les américains reprennent le saillant de Saint-Mihiel au sud de Verdun, remportant une victoire retentissante. De la fin septembre au 11 novembre, l'Argonne devient le théâtre d'une nouvelle offensive conjointe entre les forces américaines et françaises, qui repoussent les Allemands, faisant des milliers de prisonniers et précipitant encore plus la défaite de l'Empire des Hohenzollern. Les Américains perdront lors de ces diverses offensives pas moins de 26 000 tués, et 96 000 blessés. Beaucoup d'entre-eux reposent aujourd'hui à Romagne-sous-Montfaucon, veillés par une chapelle contenant des vitraux représentant les emblèmes des unités américaines ayant combattu, ainsi que les drapeaux des nations Alliées victorieuses entourant l'autel.

L'intérieur de la chapelle. (Février 2012)

jeudi 6 novembre 2014

[Télévision] L'adaptation de Ceux de 14, suite et fin sur France 3, ce mardi 4 novembre

   Mardi soir, France 3 terminait la diffusion de sa série "évènement" liée au Centenaire du début de la Grande Guerre. "Les Eparges, La mort de près, et la dernière attaque", tels étaient les noms des trois derniers épisodes. Autant le premier des trois se concentre sur les combats, autant les deux autres m'ont encore laissé sur ma faim, la faute à beaucoup de maladresses historiques et militaires et de scènes inventées, ou modifiées.

 
   La première concerne un des évènements marquant du livre, ce qui tord les boyaux de Genevoix, la perte de son ami et camarade, celui à qui est dédiée l’œuvre : Robert Porchon. En effet, les scénaristes lui ont offert un surplus de vie d'un mois ! Ils le font mourir le 18 mars 1915, alors qu'il meurt en février, entre le 17 et le 20 si je ne m'abuse. Au reste, certaines scènes m'ont fait sursauter.A moins que mes notions de tactique d'infanterie soient assez lointaines de la réalité de 1915? On attaque en groupe bien compact, en marchant, derrière l'officier qui inspecte seul la tranchée conquise bien à découvert. Je n'ai pas reconnu non plus notre héros Genevoix qui discute les ordres d'un colonel au téléphone, et qui ose lui répondre, ''non on attaque pas'' demandant ensuite un ordre écrit. Il ose renchérir d'un : "oui c'est comme ça!" (à son colonel !) avant que l'ancien, blasé, lui annonce dans la seconde qui suit que sa compagnie est relevée. Avait-on besoin de clins d’œil au politiquement correct dans ce téléfilm? Avec la vision de l'officier qui refuse d'obéir aux ordres d'attaque,  on a eu droit au personnage du cuisinier africain (qui parle français sans accent eh oui !) intégré dans un régiment métropolitain, cherchez l'erreur...

   Je me suis quand même surpris à ressentir une montée d'adrénaline dans le premier assaut (relativement crédible celui-ci) du dernier épisode, mais je pense que la musique qui l'accompagne (les orgues) ont beaucoup joué la dedans. Je noterai enfin la belle phrase (de Souesmes il me semble?) entendue dans un de ces épisodes :
"Qu'est ce qui est pire que la guerre? C'est la défaite. C'est pour cela que les hommes se battront jusqu'à la victoire". Je pense que c'est une des rares choses à retenir de ce feuilleton.

dimanche 2 novembre 2014

Histoire des premières traversées de l'Atlantique...

Aujourd'hui, alors que s'élance la 10ème édition de la Route du Rhum, dont le record de traversée entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre s'élève à un peu plus de sept jours, plongeons nous dans l'histoire des premiers navigateurs à avoir franchi l'Océan Atlantique. 

Le premier européen à avoir rejoint le nouveau monde fut selon les sagas scandinaves Leif Ericson, un explorateur islandais qui, aux alentours de l'an Mil débarqua selon les descriptions de l'époque sur l'actuelle Terre Neuve. Beaucoup plus tard, Jean Cabot, au service d'armateurs anglais longea lui aussi les mêmes côtes en 1497. Cet engouement pour les expéditions vers le Ponant se déclencha à la suite des découvertes du plus célèbre des marins Génois. Christophe Colomb s'élança le 3 août 1492 du port de Huelva, il vogua tout d'abord six jours pour rejoindre les Iles Canaries. Puis après cette escale, il mit cap à l'Ouest et navigua du 10 septembre au 12 octobre pour débarquer au San Salvador, croyant rejoindre les Indes Orientales. Pedro Cabral explorateur portugais et successeur de Vasco de Gama mit pied au Brésil en avril 1500 alors qu'il prenait la route du Cap de Bonne Espérance après un mois et demi de mer, et une escale au Cap Vert. 

La Petite Hermine, navire de Jacques Cartier lors de son deuxième
voyage vers l'estuaire du Saint-Laurent. (Musée de Saint Malo Août 2012)
Les espagnols et les portugais s'étant partagés les terres découvertes lors du traité de Tordesillas en 1494, les autres nations européennes doivent se concentrer sur les territoires plus au nord et non explorés. A l'instar de Jean Cabot avec les anglais, Giovanni da Verrazano est mandaté par François Ier en 1524 et débarque en future Caroline du Nord après cinquante jours de voyage. Il explora ensuite le littoral pour remonter jusqu'à l'ile de Cap Breton. Quelques années plus tard, ce même François Ier toujours avide de contrarier son ennemi Charles Quint, finança le malouin Jacques Cartier en 1534, et celui-ci découvrit la vallée du Saint-Laurent après seulement vingt jours de navigation, un record pour les moyens techniques de l'époque !