mardi 23 décembre 2014

Séjour en Alsace Partie 1, le champ de bataille de l'Hartmannswillerkopf.


L'entrée du Mémorial de
l'Hartmannswillerkopf. (Décembre 2014)


   De retour en décembre avec un petit périple en Alsace, pour visiter l'un des hauts lieu de la Grande Guerre en Alsace, l'Hartmannswillerkopf ou Vieil Armand, nom que lui donnèrent les Poilus.
Restauré à l'occasion du centenaire, il a été pour la première fois désigné pour accueillir les commémorations du début du conflit entre Français et Allemand en août dernier.






Réseau de tranchée. (Décembre 2014)



   Dès août 1914, l'offensive Française du plan XVII permet de libérer des territoires Alsaciens. L'Hartmannswillerkopf se dresse du haut de ses 956m d'altitude sur la route des troupes allemandes qui attaquent la position tenue par les chasseurs alpins français. Durant toute l'année 1915, chasseurs et fantassins se relayeront pour combattre et se maintenir au sommet de la crête.






Entrée d'abri de tranchée. (Décembre 2014)



   Les Allemands n'arrivant pas à déloger les Français, le front se stabilise, les lignes ennemies demeurent très proches les unes des autres au sommet de la crête. Jusqu'à la fin de la guerre,  les offensives laissent place à un duel d'artillerie qui rendra ce front toujours aussi pénible à tenir pour les soldats.







   Aujourd'hui, depuis le sommet du Vieil Armand, on peut observer la nécropole de 1260 tombes environ. Un ossuaire contenant les corps de 12 000 soldats inconnus est également placé au niveau de la crypte à l'entrée du site.





Le Monument dédiés aux Chasseurs Alpins du 28ème Bataillon,
qui subirent la première attaque allemande en janvier 1915. (Décembre 2014)



jeudi 27 novembre 2014

Histoire d'une Nécropole Nationale, Notre-Dame de Lorette, dans le Pas-de-Calais.

La Chapelle-Basilique de Notre-Dame de Lorette
en Février 2012.
   Beaucoup l'ont découverte le 11 novembre dernier, quand le Président de la République est venu commémorer les 96 ans de l'Armistice de 1918. La Nécropole Nationale de Notre-Dame de Lorette est située sur la commune de Ablain-Saint-Nazaire dans le Pas-de-Calais. Elle a désormais pour compagnon, l'Anneau de la Mémoire inauguré ce même 11 novembre.

   Par son importance stratégique, la crête de Notre-Dame de Lorette fut l'objet de terribles combats entre Français et Allemands principalement en 1915, et vont faire de cette colline un véritable enfer pour les troupes chargées de s'en emparer. Ce lieu de souffrance fut immédiatement retenu à la fin de la guerre pour accueillir une immense nécropole, regroupant les corps de soldats français tombés dans les batailles d'Artois et des Flandres. La crête n'a pas cependant pas encore rendu les corps de tous les hommes tombés pour elle, car aujourd’hui, nombreux sont les soldats enfouis sans sépulture sur les flancs de la colline. Pour preuve, pendant les travaux de construction de l'Anneau de la Mémoire, deux soldats français ont pu être retrouvés et identifiés. Étendue sur 26 hectares elle est la plus grande nécropole militaire française. Elle accueille plus de vingt mille tombes individuelles et contient également les corps de plus de vingt mille soldats inconnus répartis dans sept ossuaires. Elle contient également des tombes de soldats russes, un belge et un  roumain, ainsi qu'un carré musulman de presque six-cents tombes.

La Tour-Lanterne en février 2012.
   Deux monuments veillent sur les tombes, la Chapelle-Basilique et la tour-lanterne inaugurées en 1925. Sur cette dernière qui surmonte un ossuaire de six-mille corps non identifiés, quatre inscriptions sont gravées sur chacun de ses cotés :

"A nos glorieux morts des champs de batailles de l'Artois et des Flandres"

"Vous qui passez en pèlerins près de leur tombes gravissant leur calvaire et ses sanglants chemins, écoutez la clameur qui sort des hécatombes : "Peuples, soyez unis ; hommes, soyez humains !" "

"Ossements qu'animait un fier souffle naguère, membres épars, débris sans nom, humain chaos, pêle-mêle sacré d'un vaste reliquaire, Dieu vous reconnaitra, poussière de héros !"

"C'est la lampe attentive à garder leur mémoire contre la nuit qui tombe, oublieuse, dessus ; le phare qui s'allume aux rayons de leur gloire et met au ciel de France une étoile de plus !"


dimanche 9 novembre 2014

The Meuse-Argonne American Cemetery, à Romagne-sous-Montfaucon

   Beaucoup de français connaissent le cimetière américain de Colleville-sur-Mer, rendu célèbre lors de la sortie en 1998 du film de Steven Spielberg, "Il faut sauver le soldat Ryan". Il est également visible lors des commémorations du débarquement en Normandie, chaque année début juin. Mais verra-t-on un jour Barack Obama ou l'un de ses successeurs venir se recueillir sur les tombes des soldats américains tombés en 1918 et reposant à Romagne-sous-Montfaucon dans la Meuse? J'ose l'espérer, car pour avoir parcouru les deux, il gagnerait à être montré au monde entier puisque, de part sa taille, c'est le plus grand cimetière militaire américain d'Europe, avec ses cinquante-deux hectares, et ses 14 246 tombes individuelles. 

L'entrée du cimetière. (Février 2012)

   Le 21 mars 1918, l'Allemagne lance la première des grandes offensives destinées à obtenir la victoire sur le front Ouest, après avoir signé la Paix de Brest-Litovsk avec les Bolcheviks sur le front Est. Les premières cibles sont les troupes du British Expeditionnary Force (BEF), retranchées sur une partie du front moins bien organisée défensivement. C'est là, sur la Somme, que Luddendorf assène son premier coup de boutoir. Les Britanniques reculant, les Alliés voient le danger et nomment le général français Foch généralissime de leurs armées le 3 avril 1918. Cependant les Allemands ne cessent pas leurs offensives, et continuent d'attaquer au nord, dans la région d'Ypres, puis en Champagne, sur le Chemin des Dames où ils surprennent des divisions anglaises et françaises mises au repos dans ce secteur supposé calme. Pour contrer cette attaque, les Alliés engagent progressivement leurs renforts pour colmater la brèche. 


Des croix à perte de vue... (Février 2012)

Parmi ces renforts figurent les premières divisions américaines, et début juin 1918, elles lancent la célèbre contre attaque du Bois Belleau, haut-lieu s'il en est de l'histoire du Marine Corps. A partir de juillet 1918, les offensives allemandes s'essoufflent devant l'ampleur des pertes. Devant un adversaire épuisé, les troupes alliées renforcées par l'arrivée massives des chars et des sammies prennent à leur tour l'offensive. Le 12 septembre, sous les ordres du général Pershing, les américains reprennent le saillant de Saint-Mihiel au sud de Verdun, remportant une victoire retentissante. De la fin septembre au 11 novembre, l'Argonne devient le théâtre d'une nouvelle offensive conjointe entre les forces américaines et françaises, qui repoussent les Allemands, faisant des milliers de prisonniers et précipitant encore plus la défaite de l'Empire des Hohenzollern. Les Américains perdront lors de ces diverses offensives pas moins de 26 000 tués, et 96 000 blessés. Beaucoup d'entre-eux reposent aujourd'hui à Romagne-sous-Montfaucon, veillés par une chapelle contenant des vitraux représentant les emblèmes des unités américaines ayant combattu, ainsi que les drapeaux des nations Alliées victorieuses entourant l'autel.

L'intérieur de la chapelle. (Février 2012)

jeudi 6 novembre 2014

[Télévision] L'adaptation de Ceux de 14, suite et fin sur France 3, ce mardi 4 novembre

   Mardi soir, France 3 terminait la diffusion de sa série "évènement" liée au Centenaire du début de la Grande Guerre. "Les Eparges, La mort de près, et la dernière attaque", tels étaient les noms des trois derniers épisodes. Autant le premier des trois se concentre sur les combats, autant les deux autres m'ont encore laissé sur ma faim, la faute à beaucoup de maladresses historiques et militaires et de scènes inventées, ou modifiées.

 
   La première concerne un des évènements marquant du livre, ce qui tord les boyaux de Genevoix, la perte de son ami et camarade, celui à qui est dédiée l’œuvre : Robert Porchon. En effet, les scénaristes lui ont offert un surplus de vie d'un mois ! Ils le font mourir le 18 mars 1915, alors qu'il meurt en février, entre le 17 et le 20 si je ne m'abuse. Au reste, certaines scènes m'ont fait sursauter.A moins que mes notions de tactique d'infanterie soient assez lointaines de la réalité de 1915? On attaque en groupe bien compact, en marchant, derrière l'officier qui inspecte seul la tranchée conquise bien à découvert. Je n'ai pas reconnu non plus notre héros Genevoix qui discute les ordres d'un colonel au téléphone, et qui ose lui répondre, ''non on attaque pas'' demandant ensuite un ordre écrit. Il ose renchérir d'un : "oui c'est comme ça!" (à son colonel !) avant que l'ancien, blasé, lui annonce dans la seconde qui suit que sa compagnie est relevée. Avait-on besoin de clins d’œil au politiquement correct dans ce téléfilm? Avec la vision de l'officier qui refuse d'obéir aux ordres d'attaque,  on a eu droit au personnage du cuisinier africain (qui parle français sans accent eh oui !) intégré dans un régiment métropolitain, cherchez l'erreur...

   Je me suis quand même surpris à ressentir une montée d'adrénaline dans le premier assaut (relativement crédible celui-ci) du dernier épisode, mais je pense que la musique qui l'accompagne (les orgues) ont beaucoup joué la dedans. Je noterai enfin la belle phrase (de Souesmes il me semble?) entendue dans un de ces épisodes :
"Qu'est ce qui est pire que la guerre? C'est la défaite. C'est pour cela que les hommes se battront jusqu'à la victoire". Je pense que c'est une des rares choses à retenir de ce feuilleton.

dimanche 2 novembre 2014

Histoire des premières traversées de l'Atlantique...

Aujourd'hui, alors que s'élance la 10ème édition de la Route du Rhum, dont le record de traversée entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre s'élève à un peu plus de sept jours, plongeons nous dans l'histoire des premiers navigateurs à avoir franchi l'Océan Atlantique. 

Le premier européen à avoir rejoint le nouveau monde fut selon les sagas scandinaves Leif Ericson, un explorateur islandais qui, aux alentours de l'an Mil débarqua selon les descriptions de l'époque sur l'actuelle Terre Neuve. Beaucoup plus tard, Jean Cabot, au service d'armateurs anglais longea lui aussi les mêmes côtes en 1497. Cet engouement pour les expéditions vers le Ponant se déclencha à la suite des découvertes du plus célèbre des marins Génois. Christophe Colomb s'élança le 3 août 1492 du port de Huelva, il vogua tout d'abord six jours pour rejoindre les Iles Canaries. Puis après cette escale, il mit cap à l'Ouest et navigua du 10 septembre au 12 octobre pour débarquer au San Salvador, croyant rejoindre les Indes Orientales. Pedro Cabral explorateur portugais et successeur de Vasco de Gama mit pied au Brésil en avril 1500 alors qu'il prenait la route du Cap de Bonne Espérance après un mois et demi de mer, et une escale au Cap Vert. 

La Petite Hermine, navire de Jacques Cartier lors de son deuxième
voyage vers l'estuaire du Saint-Laurent. (Musée de Saint Malo Août 2012)
Les espagnols et les portugais s'étant partagés les terres découvertes lors du traité de Tordesillas en 1494, les autres nations européennes doivent se concentrer sur les territoires plus au nord et non explorés. A l'instar de Jean Cabot avec les anglais, Giovanni da Verrazano est mandaté par François Ier en 1524 et débarque en future Caroline du Nord après cinquante jours de voyage. Il explora ensuite le littoral pour remonter jusqu'à l'ile de Cap Breton. Quelques années plus tard, ce même François Ier toujours avide de contrarier son ennemi Charles Quint, finança le malouin Jacques Cartier en 1534, et celui-ci découvrit la vallée du Saint-Laurent après seulement vingt jours de navigation, un record pour les moyens techniques de l'époque !

mercredi 29 octobre 2014

[Télévision] L'adaptation de Ceux de 14, sur France 3, les trois premiers épisodes.

   Ce mardi 28 octobre, France 3 diffusait les trois premiers épisodes de la nouvelle mini-série adaptant l’œuvre de Maurice Genevoix : Ceux de 14. L'idée semblait séduisante, mais la tâche s'est révélée ardue, tant l'ouvrage de l'auteur et personnage principal est dense et détaillé. On ne comprend d'ailleurs pas pourquoi, certains passages importants sont occultés, et d'autres, tout neufs, sont créés et n'apportent rien à l'ensemble. Les passages se déroulant à l'opéra par exemple, sont une pure invention dans le récit, qui se déroule uniquement au front ou juste aux arrières. Était-ce un moyen d'introduire la gent féminine dans une œuvre quasi-exclusivement masculine? En tout cas c'est raté. Au niveau des personnages, le sous-lieutenant Genevoix manque d'épaisseur, visage trop juvénile, une relation avec ses hommes trop fraternelle, on a du mal à croire que c'est lui le chef de la section. A l'inverse, le sergent Souesmes, joué par Michael Abiteboul, (déjà soldat de la Grande Guerre dans les Fragments d'Antonin en 2006) parait être le vrai chef de l'unité.



   Pour ce qui est du purement historique, ces soldats de 1914 ont le cheveux bien long et la barbe déjà hirsute avant même de partir en campagne. Le garance des pantalons parait bien foncé, on a droit à l'image du soldat corse (dans un régiment d'infanterie dont le recrutement est basé en Champagne?) illettré et apprenant à écrire et lire avec son gentil lieutenant. La guerre décrite dans ces trois épisodes n'est pas assez dure, or, les premiers mois de la guerre sont les plus sanglants et difficiles pour les soldats de l'Armée Française. On voit les soldats retraiter, marcher encore et encore, mais on ne voit pas les cadavres de chevaux au bord des routes, on n'entend pas assez le canon lourd allemand alors qu'il est omniprésent dans le témoignage de Genevoix. Les combats sont beaucoup plus sanglants que ceux qui sont montrés, on ne voit pas un seul aéroplane allemand dans le ciel... Bref, refléter la guerre, la vraie, est beaucoup plus dur que les réalisateurs le pensait à mon avis. Attendons la suite, aux Eparges, il se peut que la boue et l'enfer de la guerre de tranchées soient mieux représentés.

mardi 14 octobre 2014

Il y a 208 ans, Davout écrasait les Prussiens à Auerstaedt.

   Le 14 Octobre 1806, en marge de la célèbre bataille d’Iéna se tint un engagement sans doute plus fabuleux encore mais néanmoins méconnu. Cette bataille, connue sous le nom de bataille d’Auerstaedt, fut la plus resplendissante victoire du génial maréchal Davout et de son 3ème corps. Elle marqua la fin de la supériorité tactique dont les prussiens se prévalaient depuis près d’un demi-siècle et confirma la victoire des forces napoléoniennes sur la quatrième coalition.
 
   Depuis le début de la campagne, Louis Nicolas Davout formait avec Bernadotte et Murat l’avant-garde de l’armée française et avait pour mission d’effectuer le moment venu le mouvement tournant voulu par Napoléon qui cherchait à couper l’armée ennemie pour pousser jusqu’à Berlin. Ainsi, dans la nuit du 13 au 14 Octobre, les forces impériales qui avaient réussi à rejoindre l’ennemi près d’Iéna savaient que la bataille ne pourrait plus leur être refusée. L’empereur envoya dès lors Davout effectuer le contournement souhaité sans savoir que ses renseignements sur la position de l’ennemi étaient partiellement faux. Pensant avoir face à lui le gros des forces prussiennes à Iéna, Napoléon ne pensa pas un instant que l’armée qui lui fait face n’était en fait que l’arrière-garde ennemie, tandis que Davout, lui, se dirigeait vers l’avant-garde du roi Frédéric-Guillaume III suivie de son armée principale.
Tacticien hors de pair, Davout avait sous ses ordres l’un des corps d’armées les plus disciplinés de toute la Grande Armée et disposait dans sa manche de trois atouts non négligeables, Gudin, Friant et Morand, trois des plus brillants généraux de division d’infanterie de l’armée impériale que l’on surnommait « les 3 immortels ».

   L’engagement débute dans le brouillard de cette froide matinée d’Automne lorsqu’un groupe de chasseurs à cheval du premier régiment rencontra par hasard une troupe de cavaliers prussiens. Bientôt aidés par des fantassins, les Français repoussèrent l’ennemi qui prit la fuite, allant alerter son commandement de l’incident. Face à cette nouvelle information, le roi Frédéric Guillaume consulta son état-major qui resta divisé sur l’attitude à adopter. Le duc de Brunswick recommanda d’attendre que le gros de l’armée prussienne rejoigne l’avant-garde pour faire bloc, mais son avis ne prévalut finalement pas, la conviction que les Français n’étaient qu’en petit nombre ayant été majoritaire parmi les officiers.
Ainsi les premiers bataillons prussiens continuèrent-ils leur avance pour se heurter bientôt aux carrés de l’infanterie de Gudin. La cavalerie de Blücher fut repoussée sans ménagement et nombre de ses escadrons fuirent dans la panique la plus totale. Bientôt, néanmoins, la pression exercée par les divisions fraîches des Prussiens ébranla la division Gudin, alors sauvée par l’arrivée des colonnes de la division Friant. Le combat avait alors débuté depuis environ deux heures et demie.

Le Maréchal Louis Nicolas Davout (1770-1823)

   Innombrables, les Prussiens se déversèrent sur le champ de bataille et rien ne semblait arrêter leur progression de manière significative lorsqu’arriva enfin au pas de course la division Morand.
Dans les heures qui suivent, les charges se multiplièrent sur les carrés français, mais pas un ne faiblit. Davout, le vêtement déchiré par les balles, se tenait au cœur de ses forces, ne ménageant pas sa peine tandis que la blessure du prince Guillaume finit par provoquer la déroute de la cavalerie prussienne. Désemparé, le feld-maréchal duc de Brunswick attaqua sans relâche, l’épée à la main, une position clef du champ de bataille et finit par trouver la mort, fauché par une balle française.
Privée de son estimé commandant, l’armée prussienne faiblit et les Français gagnèrent du terrain partout sur le champ de bataille malgré le bombardement intensif de l’artillerie prussienne. Ayant pris le commandement, le roi tenta une dernière percée mais vit son effort réduit à néant par l’opiniâtreté du 3ème corps.
A une heure de l’après-midi, les Prussiens entamèrent leur retraite vers Auerstaedt ; retraite que seule l’arrivée de leurs divisions de réserve empêcha de tourner à la déroute.

   A quatre heures de l’après midi, la victoire était définitivement assurée. Pas un seul soldat de l’armée royale n’aura échappé aux combats et un tiers des effectifs se seront retrouvés hors combat. Le roi Frédéric-Guillaume III, qui espérait alors rallier son armée vers Weimar pour mener une nouvelle bataille, vit ses espoirs réduits à néant quand l’impensable se produisit : son armée, qui retraitait tant bien que mal en ordre se trouva disloquée par les fuyards de la bataille d’Iéna qui arrivèrent en masse et créèrent un mouvement de panique.
   
   Au final, les Français auront obtenu non pas une seule mais deux brillantes victoires en ce jour. A Auestraedt, ils combattirent à presque un contre trois, 23 000 fantassins et 44 canons contre 60 000 et près de 230 canons, tuant, blessant ou faisant prisonnier trois fois plus d’homme qu’ils n’en auront perdu (soit environ 13 000 contre 4300 sans compter les 115 canons capturés). Le maréchal Bernadotte, futur roi de Suède, rival et ennemi de Davout, aura pour sa part passé la journée entre Iéna et Auerstaedt, n’allant aider à aucun de ces engagements.
   L’importance de cette bataille d’Auerstaedt, qui se déroula simultanément et à une vingtaine de kilomètres au Nord d’Iéna, ne fut cependant pas immédiatement perçue et se trouva bien vite éclipsée dans la propagande impériale par la victoire d’Iéna remportée, elle, par l’Empereur en personne.

Par Olivier L, Historien et spécialiste du Premier Empire.

mercredi 1 octobre 2014

[Lecture] Une uchronie : 1940, et si la France avait continué la guerre?

   Une nouvelle passionnante lecture que voilà, de l'Histoire oui, mais comme on aurait aimé qu'elle se passe ! Je me rappelle qu'au début des années 2000 lors de mes années de lycée, je m'étais plongé dans la lecture de la Grande Histoire de la Seconde Guerre Mondiale de Pierre Montagnon. Et le chapitre concernant la bataille de France était l'un de mes préférés. Plusieurs fois, je m'étais imaginé ce qu'il se serait passé si la France avait continué le combat en Afrique et non pas capitulé sous l'égide du Maréchal Pétain. Or voici qu'en 2004 plusieurs chercheurs et leurs étudiants se sont penché sur le sujet, historiens, étudiants, spécialiste de jeux de simulations militaires. En est sorti en 2010 un premier tome que je vous présenterai ici : "1940 Et si la France avait continué la guerre?"
   Tout commence en juin 1940, et un évènement anodin va sceller le destin du pays. Pas une contre-attaque fulgurante qui va redresser la situation militaire, pas la mort de Hitler, non : La maitresse de Paul Reynaud, la comtesse Hélène de Portes, farouche partisane de l'armistice, décède dans un accident de la circulation. Le président du Connseil anéanti, mais libéré de cette influence néfaste, va alors se tourner vers Mandel et de Gaulle plutôt que vers les défaitistes. On s'y croirait, tout est tellement réaliste, je me suis surpris à ressentir des montées d'adrénaline en lisant certains passages hauts en couleurs. 
   Quel travail de documentation, de simulation, chaque action est détaillée, comme si on lisait un ouvrage de référence sur la Seconde Guerre Mondiale, les personnages politiques sont dépeints dans leurs actions avec leurs caractères propres, telles opiniâtreté d'un général de Gaulle ou d'un Winston Churchill. Je vous invite à vous plonger dedans, d'autant que le tome II vient de sortir, en attendant le dernier tome qui est en cours de réalisation. Un grand coup de chapeau à ces historiens uchronistes !


dimanche 7 septembre 2014

Il y a 202 ans, à Borodino, l'Empereur battait les Russes...


   "L’une des quelques occurrences où le courage des soldats de la Grande Armée surpassa les talents tactiques de Napoléon, la bataille de la Moskova/Borodino resta dans les mémoires comme l’une des plus terribles boucheries des guerres napoléoniennes. Elle prit place en septembre de l'année 1812, durant la légendaire campagne de Russie et resta dans les mémoires comme un exemple typique de ce que l’on appelle une victoire à la Pyrrhus.

   Après des semaines de marche sans être parvenu à arracher la moindre bataille décisive à une armée russe fuyante, Napoléon sait qu’il joue son va-tout. Si loin de ses bases, une défaite signifierait une catastrophe irrémédiable pour son corps expéditionnaire et la nouvelle d’une défaite risquerait d’avoir des conséquences politiques dramatiques dans le reste de l’Empire à l’heure où viennent d'Espagne les nouvelles d'une cruelle défaite des forces de Marmont face aux Anglais de Wellington.
Enfin pourtant, après des mois de marches, la bataille décisive tant voulue par l’Empereur semble enfin se présenter.

   Le 6 septembre, veille de la bataille, tandis que les dernières unités arrivent sur le champ de bataille et que l’on rallie les traînards, Napoléon réfléchit à son plan de bataille. Affecté par une forte grippe accompagnée d’épouvantables migraines, il redoute plus que tout de voir une nouvelle fois l’armée russe se dérober en lui refusant une nouvelle fois sa victoire tant espérée. Face aux forces impériales, néanmoins, l’armée russe de Koutouzov, galvanisée par la conviction de défendre son sol sacré et convaincue d’être le dernier rempart entre l’envahisseur et la cité Sainte de Moscou, se trouvait plus déterminée que jamais. Le plan sur lequel s’arrêta finalement l’Empereur fut donc simple et efficace : sur la Gauche, Eugène aurait pour mission de prendre la village de Borodino et de contenir l’ennemi tandis qu’au centre Junot, Ney et Murat et qu’à droite Davout et Poniatovski marcheraient à l’ennemi. Davout, dont le génie tactique n’était plus à prouver, suggéra de se porter sur le flanc russe durant la nuit à travers les bois d’Outitza pour en attaquer le flanc, mais l’Empereur, craignant de provoquer par cette (pourtant très subtile) manœuvre la fuite de l’ennemi qu’il avait eu tant de mal à amener sur le champ de bataille, rejeta l’idée et préféra son approche plus directe.

   Au matin du 7 septembre, à proximité du village de Borodino, à seulement 125km de Moscou, 250 000 hommes et plus de 1200 bouches à feu se font face.A 5 heures, tandis que le soleil se lève et perce la brume matinale, Napoléon qui parcourt à cheval ses lignes, tourne son regard vers l’Est et lâche des mots qu’il espère prophétiques : « c’est le soleil d’Austerlitz ».

   A 6 heures, les premiers coups de canon retentissent. Atteint par un boulet qui tue sous lui son cheval, Davout tombe, évanoui. On le croit mort. Apprenant la nouvelle, Napoléon envoie Murat prendre le commandement du corps de Davout, mais à son arrivée il trouve le prince d’Eckmühl bien vivant à la tête de ses hommes. L'événement ne restera cependant pas sans conséquences et forcera Davout à quitter son commandement quelques minutes plus tard.

   7 heures. Accompagné de trois divisions, le maréchal Ney fond sur les Russes de Bagration. Enfin, Koutouzov comprend le plan de Napoléon qui prévoit de percer son flanc gauche pour lui couper toute possibilité de retraite vers Moscou et envoie le corps de Boggowouth au secours de son aile fragilisée. Ney, qui remportera par ailleurs en ce jour le titre de prince de la Moskova, repousse l’ennemi et prend pied sur ses positions. Débute alors une féroce contre-attaque des forces tsaristes dont les fantassins et la cavalerie lourde menacent de repousser les Français. Arrivant au triple galop et avec son panache habituel, Joachim Murat vole au secours du « brave des braves » avec sa cavalerie légère, bientôt suivie par la division de cuirassiers de Nansouty et de deux autres brigades de cavalerie légère qui se ruent sans attendre sur les carrés de la Garde russe.
Repoussés encore et encore, les cavaliers français ouvrent finalement une brèche dans les lignes russes et permettent à Ney et au corps de Davout, dont le génial maréchal a abandonné le commandement, de prendre pied sur la troisième position du dispositif ennemi. Cependant, les positions surélevées occupées par les Russes derrière se point font subir d’horribles pertes aux soldats de la Grande Armée.

La prise de la Grande Redoute par les Français.
 
   Vers 10 heures, au milieu d’une terrible canonnade, un régiment de la division Morand (corps de Davout) s’empare de la grande redoute occupée par 24 pièces d’artillerie russe de gros calibre. Malade et fatigué, incapable de voir au milieu de la fumée de la bataille et aveuglé par le soleil qui lui fait face, Napoléon ne voit pas l’ennemi fuir la redoute et rate un moment décisif en refusant de faire donner la Garde. De son côté, voyant les choses sur le point de mal tourner, Koutousov rallie ses forces et engage l’intégralité de son armée dans une vaste contre-offensive.

   A 11 heures passées, la mêlée est générale sur tous les points du champ de bataille. Au centre, la division Morand recule et est secourue par celle de Gérard (ex division Gudin), à droite les forces de Davout et Ney subissent assaut sur assaut tandis que la division Friant, ayant traîné sur tout le champ de bataille quatre-vingt canons, prend place sur les ouvrages défensifs pris plus tôt aux Russes.
Malgré la mort de Bagration, peu avant 13h, la percée finale semble toujours hors de portée pour les forces impériales poussant l’empereur à reformer son artillerie en une vaste batterie de près de trois-cents pièces.

   A 15h, les corps d’Osterman et de Doktourov, ainsi que la Garde russe ont été assez entamé par le feu nourri des Français pour permettre un assaut décisif, mais au final, les Russes combattent avec une énergie et une détermination jamais vue. Bien que conscient de pouvoir emporter la victoire s’il faisait donner sa Garde, Napoléon n’en fait rien, craignant d’infliger trop de pertes à son corps d’élite.
Le combat durera finalement jusqu’à la nuit.

   A 22h, Murat arrive au quartier général et annonce la retraite des Russes. Les Russes ont laissé sur le champ de bataille 50 000 tués ou blessés sur 120 000 hommes, auxquels s’ajoutent 800 prisonniers. De son côté, l’armée napoléonienne a perdu 30 000 de ses soldats sur un effectif total de 130 000. Nombre d’officiers et de héros des deux camps ont perdu la vie lors de la terrible journée, donnant à l'engagement une sinistre réputation.
« Jamais je ne vis briller dans mon armée autant de mérite », dira l’Empereur. De fait, les pertes de l’armée napoléonienne furent presque deux fois moins importantes que celles du tsar, mais si cette victoire à l’arrachée ouvrit la route de Moscou, elle ne permit pas de détruire les forces russes qui s’évanouirent dans la nature pour devenir, deux mois plus tard, une terrible épine dans le flanc des forces françaises en retraite."

 Par Olivier L. Historien et spécialiste du Premier Empire.

samedi 6 septembre 2014

Il y a 100 ans, la bataille de la Marne faisait rage...

La proclamation de Galliéni au peuple de Paris.
(Historial de Péronne, Juillet 2011)

   Un mois après le début des hostilités, les Français sont en mauvaise posture. Le plan Schlieffen a balayé les intentions offensives de Joffre et de ses généraux. Les offensives en Lorraine et Alsace ont couté de terribles pertes aux armées Françaises, la seule journée du 27 août a couté la vie à 27 000 pantalons rouges, jour le plus sanglant de l'histoire militaire française. Épuisées, les troupes alliées reculent depuis des jours face à l'avance allemande. Le gouvernement a quitté Paris depuis le 2 septembre, mais Galliéni nommé gouverneur militaire de la capitale entend défendre la cité coûte que coûte. Rétablies sur la Marne, les armées alliées se dressent à nouveau face à l'ennemi pour un affrontement décisif. L'ordre du jour de Joffre du 6 septembre diffusés à ses troupes ne laisse guère de doute sur la situation militaire du pays : 

   "Au moment ou s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et repousser l'ennemi. Toute troupe qui ne peut plus avancer devra coute que coute garder le terrain conquis et se faire tuer plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée". JOFFRE.

Plan d'opérations de la bataille de la Marne.
(Mondement-Mongivroux, mars 2014)
   Cette contre-offensive de la Marne tient à plusieurs renseignements glanés par les aviateurs français. Ces derniers informent Joffre et Galliéni que les troupes de la Iere armée allemande ne se dirigent plus vers Paris mais en direction du sud est, offrant son flanc à une possible contre-attaque. Galliéni voyant cette occasion se présenter, convainc Joffre de lancer cette offensive. La 6ème armée française fut alors lancée sur l'Ourcq, entre Nanteuil le Haudoin et Meaux. C'est au cours de cette offensive qu'à lieu le célèbre épisode des taxis parisiens qui transportèrent une brigade (6000 hommes) en renfort sur le front. Outre le front de l'Ourcq, les troupes françaises reprennent l'offensive sur un front de 280km de l'Ourcq à Verdun. Face aux assauts répétés durant quatre jours, les Allemands finissent par battre en retraite, c'est le "Miracle de la Marne" qui sauve le pays de la défaite. Épuisées, les troupes françaises ne pourront poursuivre efficacement l'ennemi qui se commencera à se retranchera sur l'Aisne, repoussant les dernières offensives franco-anglaises. La guerre de tranchées fait ainsi ses débuts, après novembre 1914 et la fin de la "course à la mer", le front sera stabilisé de la mer du nord à la frontière suisse. 

vendredi 1 août 2014

Il y a 100 ans on décrétait la Mobilisation Générale en France...

L'affiche de la Mobilisation Générale
d'Août 1914. (Historial de la Grande Guerre,
Péronne, Juillet 2011).
   Alors que les coins les plus reculés de France finissent d'apprendre l'assassinat de Jean Jaurès, René Viviani, président du Conseil, va, sur recommandation de son ministre de la Guerre Adolphe Messimy et du Général Joffre, inquiets tous deux d'un possible retard face à la mobilisation Allemande ; décréter pour la première fois dans l'Histoire de France la Mobilisation Générale.

   En ce premier Août 1914, quatre millions de Français sont concernés et seront appelés à rejoindre leurs corps de troupe dès le lendemain. Dans les campagnes, où vivent encore une grande majorité de français, le son du tocsin appelle la Nation sur la place du village, les hommes et les femmes découvrent la grande affiche qui vient d'être placardée sur tous les perrons des mairies du pays. Stupeur, tristesse, joie, résolution, nombreuses et diverses sont les réactions. Certains, les plus jeunes surtout, veulent partir immédiatement, les hommes plus âgés, eux, savent que leur tour viendra plus tard, ils rentrent chez eux en silence pour partager leurs derniers jours en famille. Le soir venu, les premiers départs vident les villages. En ville, les gares plus importantes sont submergées, les convois pour Paris, Lyon, sont pris d'assaut. Chaque homme veut être à son poste à l'heure, il en va du sort de la Patrie. La guerre, elle sera déclarée par l'Allemagne à la France le lundi 3 Août, cinquante deux mois de conflit suivront...

vendredi 6 juin 2014

Pegasus Bridge, "Major Howard, vous tiendrez jusqu'à ce qu'on vous relève..."

    Tout le monde connait cette célèbre réplique du film "Le Jour le Plus Long", phrase que le Major Howard se repasse dans sa tête du début à la fin de sa mission. Mission débutée le 5 juin à 22h50 environ quand les planeurs Horsa transportant la 6ème division aéroportée britannique s'arrachent des aérodromes anglais. Peu après minuit, les planeurs se sont libérés et plongent vers leurs objectifs. Deux ponts sur le canal de Caen, à Bénouville et Ranville. 


L'entrée du Mémorial Pegasus
(Bénouville, juillet 2011)
Maquettes de planeurs Horsa britanniques.
(Mémorial Pegasus,juillet2011)
  




C'est à Bénouville que le planeur du Major Howard se pose à quelques encablures du pont gardé par une petite garnison allemande. L'effet de surprise joue parfaitement et quelques rafales de FM Sten et grenades bien placées permettent aux soldats de Sa Majesté de prendre le pont intact. Les soldats allemands sont neutralisés. Au cours de l'assaut, le lieutenant Brotheridge est tué d'une rafale de mitrailleuse.  Une plaque en bronze à proximité du pont rappelle aujourd'hui encore son sacrifice.




Maquette du pont de Bénouville.
(Mémorial Pegasus, juillet 2011)
    L'objectif atteint, Howard doit tenir le pont à la tête de 150 hommes, en attendant les renforts qui arriveront par air, avec la seconde vague, puis par la mer avec les troupes débarquées à l'aube. A 13h30 les trouves débarquées sur Sword Beach arrivent à Bénouville et peuvent relever les paras.

mercredi 2 avril 2014

Retour sur la diffusion d'Apocalypse, la Première Guerre Mondiale.

   C'était donc ces trois derniers mardis soir que France 2 diffusait les cinq épisodes d'Apocalypse 1GM.

EPISODES 1 ET 2 : FURIE ET PEUR.
 Comme annoncé, beaucoup d'images d'archives colorisées, sonorisées et inédites, le tout assaisonné d'un magma d'informations qui submergent le téléspectateur. Pour les non-initiés, il est dur de s'accrocher au wagon Kassovitz qui en l'espace de quinze minutes nous aura parlé de Sissi, Anastasia, Raspoutine, ainsi que des yachts de luxe des empereurs russes et allemands. On se dit alors que Stéphane Bern s'est immiscé dans le montage d'Apocalypse, mais heureusement, fausse alerte, l'engrenage qui mène à la guerre prend la suite.
   Le jeu des alliances, les rivalités européennes, toute la genèse y est. On regrettera cependant l'occultation complète de la situation italienne, au départ du côté des Empires Centraux mais qui préfèrera rester neutre au début des hostilités. De Sarajevo aux premiers jours d'Août 1914, on a droit aux ultimatums, à l'assassinat de Jaurès, au tocsin, à la mobilisation, aux tragiques séparations...

   Ça y est c'est la guerre, et quoi de mieux pour illustrer la guerre que de beaux soldats colorisés défilant sous le nez des caméras de la propagande? Or, nombreuses sont les erreurs de colorisations des uniformes, surtout pour les français : du bleu horizon dès 1914, fera tiquer plus d'un initié... Sans parler d'un politiquement correct complètement anachronique. La victimisation des soldats est montrée à son paroxysme, or la société de l'époque n'est point celle d'aujourd'hui. Les hommes savaient qu'ils mettaient en jeu leurs vies pour défendre leurs pays, leurs familles, et c'est bien cela qui les a fait tenir, et non pas la peur des conseils de guerre comme dis dans le commentaire.
   Que de maladresses également avec les troupes coloniales, on nous montre systématiquement des troupes noires alors que celles-ci débarqueront en masse bien après le début de la guerre. Les troupes de l'armée d'Afrique sont alors essentiellement composées de soldats métropolitains, pieds noirs et maghrébins. Élite de l'armée, seule habituée au feu par les opérations de conquêtes et de pacifications. Elles ne viennent pas sauver la France, "sur des bateaux presque aussi chargés que les négriers d’antan" - raccourci aussi maladroit que hors contexte -  mais bien remporter la victoire sur l'Empire Allemand. Oui les coloniaux ont souffert, mais pas plus que les soldats français, les régiments métropolitains ont payé un très lourd tribut tout au long de la guerre, et surtout dans les  mois de 1914.
   Bref, ces deux premiers documentaires m'ont laissé sur ma faim, j'ose espérer que les suivants seront de meilleur acabit.

EPISODES 3 ET 4 : ENFER ET RAGE.

   Après deux premiers épisodes qui ont bombardé les téléspectateurs d'informations sur la genèse et les premiers mois du conflit, Enfer et Rage, les deux suivants ont survolé la période 1915 à 1917. Les évolutions matérielles de la guerre sont minutieusement décrites, de l'uniforme bleu horizon au casque Adrian, en passant par les shrapnells ou les gaz de combat. L'enfer c'est Verdun et la Somme, ce sont les assauts dans le no man's land, l'artillerie, les mitrailleuses, la vermine. Les réalisateurs se sont attardés sur les grandes batailles de 1916 mais ont occulté celles de 1915 en Champagne et en Artois, pourtant très meurtrières et toutes aussi dignes d'intérêt. Aucune mention de la reprise du fort de Douaumont fin 1916, symbole de la résistance victorieuse des armées françaises prises dans la noria de la Voie Sacrée. On passe ensuite directement à avril 1917 et aux mutineries qui frappent l'Armée Française. Nivelle est expédié aussi vite qu'arrive Pétain mis en scène par la propagande. Avec la Somme, Salonique, le Chemin des Dames et Paschendaele, les généraux alliés font piètre mesure face à Hindenburg et Ludendorff, présentés comme de véritables génies militaires, pourtant non moins avares de la vie de leurs hommes. Les aviateurs ont droit à leur heure de gloire, Après Hitler dans le second épisode, on a droit à Goering, déjà dépeint aux commandes de son Fokker comme un pilote sanguinaire... A noter la vision très intéressante des U-Boote allemands, rarement évoqués et montrés jusqu'ici dans les documentaires sur la 1GM. La guerre sous marine à outrance des allemands étant un tremplin parfait pour lancer l'entrée en guerre des États-Unis au printemps 1917. Le mythe des américains qui viennent sauver les alliés sera-t-il démenti dans la suite des évènements? Nous osons y croire ! La révolution Russe de février mars 1917 et la fin du tsarisme laisse le téléspectateur dans le suspense...

EPISODE 5 : DELIVRANCE.

    Dernier épisode, celui qui va décrire la fin de la guerre. Les italiens sauvés par les Alliés franco-britanniques après le désastre de Caporetto, en prennent d'entrée pour leur grade. Les bolcheviks prennent le pouvoir en Russie et quittent la guerre en offrant aux allemands et à leurs alliés autant de territoires qu'ils le désiraient. Voici venu l'heure de l'affrontement final sur le front Ouest. Aux coups de boutoirs de Luddendorff répondent ceux de Foch appuyés par les chars Renault et par les premières divisions américaines de Pershing. Les Allemands reculent alors en bon ordre ou en se rendant par milliers.   Les troupes alliées avancent mais pas assez pour que la population allemande se rende compte de la défaite. Nouvelle allusion au coup de poignard dans le dos qui sera exploité par les Nazis après guerre. Victoire sur tous les fronts, dans les Balkans, en Orient, où opère avec succès Lawrence d'Arabie. Victoire mais à quel prix, les pertes sont monstrueuses, la grippe espagnole débarque pour parachever le travail de la Grande Faucheuse que l'on aura vu et revu X fois... Versailles, les gueules cassées, Wilson le grand chantre de la démocratie désavoué par son congrès à son retour en Amérique, ce dernier épisode passe en un éclair. 
   Nous voila délivrés de Mathieu Kassovitz et de sa dernière litanie de chiffres égrenée avec son toujours légendaire ton monocorde. Puis, France 2 a eu l'intelligence de confier à Stéphane Audoin Rouzeau et sa collègue de Picardie le bilan dans l'émission de Marie Drucker. Confier l'Histoire à des historiens, c'est encore ce qui se fait de mieux.

jeudi 13 mars 2014

Faut-il regarder Apocalypse, La Première Guerre Mondiale le 18 mars sur France 2 ?

   Ça y est ! Après la Seconde Guerre Mondiale, après l'ignoble Hitler, la Première Guerre Mondiale aura droit à son documentaire fleuve de 5 x 52 minutes. On est en 2014 et heureux hasard sans doute, la Grande Guerre a fini par intéresser Isabelle Clarke et Daniel Costelle.  Eh oui, le centenaire du début de la 1GM arrive à grands pas, et le service public se devait d'être partenaire de cet évènement télévisuel avec précédent.
   Tout y est, la bande annonce de 3 minutes plante le décor. On y retrouve un Mathieu Kassovitz au meilleur de sa forme et de son désormais légendaire ton monocorde. La colorisation, marque de fabrique des documentaires précédents est bien là, on s'y croirait.
   On s'y croirait tellement quand Mathieu Kassovitz nous informe que "des cameramen du monde entier ont pris des risques pour tourner ces images" mais rajoute l'obligatoire mais qui sera très peu perçu au moment de la diffusion : "ils en ont reconstitué certaines". Eh oui, mon bon monsieur, par certaines, vous voulez dire qu'à part de très rares exceptions, toutes les images d'assauts, de bombardements et de combats sont des reconstitutions réalisées en arrière du front, parfois même après la fin de la guerre. Escroquerie vous me direz ! Faire un documentaire de cinq heures avec des images reconstituées, quel scandale ! Mais non, tout le reste, tout ce qui est à plus de 500m de la ligne de feu j'ose l'espérer, est authentique. 
   Alors certes on aura droit aux images d’Épinal, du taxi de la Marne au braves mutins de 1917 ; des sénégalais envoyés au casse pipe pour économiser les bons français ; aux soldats américains qui arrivent pour faire gagner la guerre. Je me fourvoie peut-être en disant que ce documentaire va rétablir quelques vérités historiques.

   Ce documentaire colorisé et sonorisé par séquence est donc la pour montrer l’ampleur de la tragédie. Dix millions d'hommes tués, vingt millions blessés, un des premiers génocides de l'Histoire. On a bien sur droit à l'instant "c'est trop con" du soldat canadien mort cinq minutes avant l'arrêt des combats. Mais du côté des historiens, on oubliera pas ceux qui sont morts dans les hôpitaux à 11h15, ou le lendemain et les jours suivants, on oubliera pas ceux qui mourront en labourant les anciens champs de bataille une fois rentrés chez eux, cette guerre n'en finira jamais, elle a marqué le sol national pour toujours, et la mémoire de ceux qui, nombreux je l'espère, regarderont ce documentaire. De l'Histoire à cette heure de grande écoute, sans Bern ni Ferrand, c'est toujours bon à prendre, même avec la voix de Kassovitz au commentaire...

vendredi 7 mars 2014

Mondement-Mongivroux, le monument de la Victoire de la Marne.




   Dans la Marne, à Mondement-Mongivroux, se dresse un curieux monument. Immense mégalithe de béton et granit rose, haut de 33 mètres, le Monument de la Victoire de la Marne en 1914 a été construit de 1931 à 1939. Implanté dans cette commune d'après le choix du Maréchal Foch, il domine la plaine d'où fut lancé une partie de la contre offensive de la Marne en septembre 1914.






   A son pied figure en sculpture les vainqueurs de la bataille. Le Général Joffre, commandant en chef de l'Armée Française tient affectueusement le soldat inconnu et est entouré des généraux Sarrail, de Langle de Cary, Foch, Franchet d'Esperey, du Maréchal Anglais French et des généraux Maunoury et Galliéni. (de gauche à droite)



  

   "A la voix de Joffre, l'Armée Française en pleine retraite s'arrêta et fit face à l'ennemi. Alors se déchaina la bataille de la Marne sur un front de 70 lieues (280 km) de Verdun aux portes de Paris. Après plusieurs jours de luttes héroïques, l'ennemi de toutes parts battait en retraite et sur toute l'étendue du front, LA VICTOIRE PASSAIT."


   Le fameux ordre du jour du Général Joffre le 6 septembre 1914, avant le début de la bataille :
   "Au moment ou s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et repousser l'ennemi. Toute troupe qui ne peut plus avancer devra coute que coute garder le terrain conquis et se faire tuer plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée". JOFFRE



La carte des positions des deux armées avant la bataille de la Marne en septembre 1914. Mondement est au centre du dispositif défensif.



"A tous ceux qui sur notre terre du plus lointain des âges, dressèrent la borne contre l'envahisseur".
 






Photos prise le 7 mars 2014.